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MEMOIRE 74
8 janvier 2017

article dans le savoyard libéré janvier 2017

Tout cela s’est passé il y a 75 ans…

En janvier et février 1947

 

      En janvier 1947, le froid reprend son offensive. De plus, pour certains, la Suisse offre un havre attirant pour l'or et les devises et les affaires se bousculent à notre frontière. La France et la Résistance sont bouleversées par l'affaire Hardy. On ne sait pas qu'elle ne fait que commencer.

            Le gouvernement de Léon Blum signe le 2 janvier 1947 le décret provoquant la baisse obligatoire de 5% de tous les prix des produits et des services. Reste à l'appliquer. "N'achetez rien au marché noir pendant les 60 jours de l'expérience".

 

            En Haute-Savoie, l'année commence cependant bien mal. Le Chablais apprend la mort à Évian à 54 ans du docteur Bernex, ancien vice-Président du conseil général et ancien député. Il venait juste de rentré de Neckargerach-Neckareltz.

            Les problèmes du ravitaillement sont de plus en plus aigus : Le préfet Revillard, les 8 et 13 janvier,  fait appel à l'esprit civique et promet qu'il y aura du lait pour les J3, après les Vieillards.

On veut vivre et les compétitions de ski repartent, mais à Cluses un incendie ravage le magasin Martin (1 mort et 2 millions de dégâts). Le 17 janvier, toujours à Cluses, un camion est pulvérisé par l'express de Lyon.

            À Bonneville débute un feuilleton judiciaire pour l'acteur Henry Garat qui a émis plusieurs chèques en bois du côté de Megève où il devrait 110 000 francs pour 5 semaines de vacances. Il sera condamné.

            La Légion d'honneur vient décorer M. Meyer le directeur de la poste séquestré par la Milice et François de Menthon, résistant de la première heure. Il fait de plus en plus froid et les accidents sont nombreux. Les incendies se multiplient dans tout le département et à Annecy un bébé est brûlé vif dans son berceau placé trop près du feu.

      Dans un article précédent, j’évoquais les trafics de l’or. Et bien, le tribunal inflige 8 millions de francs d'amende à 5 personnes qui avaient tenté en avril 1945 de faire passer de fausses dents en or, soit 107 kilos de métal, dans la patrie de Guillaume Tell.

Le 24 janvier, sur deux colonnes à la une, éclate un scandale : "5 millions en or et en devises étaient stockés dans un chalet de Passy", la police arrête un hôtelier parisien Ulysse F..., son frère et son neveu qui se livraient au trafic avec la Suisse. Trois jours plus tard, un gang de 5 trafiquants d'or est démasqué à Ambilly, alors qu'il tentait de passer, encore en Suisse, 70 millions de francs en pièces d'or.Et que dire de cela : Plusieurs ecclésiastiques de la région de Thorens seraient impliqués dans un trafic d'or avec la Suisse ?

            Une affaire tient la France et plus particulièrement notre région en haleine. C’est l’affaire Hardy.Le 20 janvier le Dauphiné titre "René Hardy, héros de la bataille du Rail a-t-il trahi et livré Jean Moulin, le chef de la Résistance ?" René Hardy comparait devant la cour de justice de la Seine, car la Résistance et les Français veulent savoir. Va-t-on vers une affaire Dreyfus de la Résistance ? Le 24, le colonel Hardy est acquitté. Le 27, premier rebondissement. Le colonel Groussard et maître Maurice Garçon se battront en duel au sabre pour liquider l'incident d'audience lors du procès Hardy.

Nouvelle arrestation le 24 février, de René Hardy qui reconnait avoir menti à son procès. Un nouveau procès s’annonce

 

 

 

            Dès le début du mois de février, les Haut-Savoyards sont heureux et satisfaits d'apprendre que l'on va juger Max Knipping. Ce grand responsable milicien avait beaucoup fait parler de lui en février, mars 1944, lors des Glières. A la une du 4 février, on peut lire : "Bombardez sans ménagement les Glières demandait Knipping au chef de la base allemande d'Aix-les-Bains" "Annecy en état de siège, ce n'est pas moi, rétorque le milicien". Deux jours plus tard, la Cour de justice de Paris le condamne à mort, alors qu'il neige abondamment sur le département.

            Julien Helfgott, condamné à mort par la Cour martiale de Vichy et infatigable secrétaire de l'Association des rescapés des Glières, reçoit la Croix de guerre avec étoile de vermeil le 10 du mois.

            Concernant l’alimentation en courant, l'E.D.F. fait des efforts et si la guerre s'éloigne petit à petit, la France reconstruit : Une énorme cuve en acier de 12 tonnes venue par la route des ateliers de Terrenoire arrive à Marignier pour la centrale et on débute la construction de celle des Houches, d'une puissance de 30 millions de KW.

           

            C'est l'hiver... On fait du ski. Le 9 février, James Couttet gagne le slalom et le combiné de Saint-Moritz. Le 12 débute la Grande semaine du ski à Chamonix. Le 15, la France enregistre un éclatant triomphe sur la piste des Houches. Oreiller gagne la descente devant ses quatre coéquipiers. Le lendemain il remporte le slalom spécial. C’est aussi cela la France d’après-guerre. Et pas uniquement la chasse aux trafiquants en tous genres et au ravitaillement. Malgré tout, une effroyable vague de froid s'abat sur le pays. Déjà qu'il n'y a que peu de charbon, avec des cartes, et que le courant manque... C'est normal, c'est l'hiver !

            Les problèmes continuent de par le monde ou ressurgissent : Le drame monte en Palestine où les Juifs et les arabes refusent le plan Bevin. La guerre est imminente. On suit quand on le peut ces actualités mondiales, le Dauphiné Libéré, mais aussi pour les plus chanceux les actualités cinématographiques en avant-première du film.

 

            Avec la fin du mois, pour certains, rentrés de déportation, les bonnes nouvelles arrivent : Louis Becquart (Talloires) est condamné à mort par la cour de justice d'Aix en Provence. Et on pense alors à tous ceux dénoncés morts dans les camps.

 

Michel Germain

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