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MEMOIRE 74
19 juillet 2015

articles du Savoyard Libéré de juillet 2015

Editorial

            Le 26 avril dernier, dans toute la France, dans chaque ville, dans chaque village, on a commémoré le 70è anniversaire de la Libération des camps, avec beaucoup de ferveur. Les Anciens déportés survivants de cet enfer, leurs familles, leurs amis et les autorités se sont retrouvés pour ces cérémonies empreintes d’émotion. Si la Déportation fait partie du patrimoine de la vieille Europe, il n’en reste pas moins qu’elle est pour nous très dur au souvenir.

Et je voudrais évoquer avec vous l'holocauste de la déportation. Dachau, Ravensbrück, Auschwitz, Buchenwald, Mauthausen et tous les autres camps ou Kommandos doivent restés gravés à tout jamais au plus profond de nous même, sinon...

La seule idée que l'homme ait pu penser à créer et à mettre en œuvre une machine à détruire l'Homme sort déjà de l'entendement. Aussi, lorsque les premiers déportés sont rentrés dans leur pays, ils ont eu beaucoup de mal à faire comprendre ce qu'ils avaient vécu, à expliquer et à faire accepter cet enfer d'où ils revenaient.

La politique s'est emparée de l'holocauste et les déformations sont apparues, pour la plus grande joie de certains. Les chiffres, impossible à connaître réellement, car les comptabilités des camps sont toujours fausses, ont énormément varié pendant 50 ans pour la plus grande joie des révisionnistes.

Il reste que l'œuvre de mort est incommensurable et dépassant l'entendement, elle empêche le commun des mortels de penser une seule minute qu'elle puisse se reproduire. Et bien, nous avons tort.

Je tirerais trois leçons de ce Génocide, et j'englobe dans le mot non seulement les Juifs et autres Tsiganes, mais aussi les résistants et les raflés de nulle part, autrement dit tous ceux qui ont connu les trains de la mort et les barbelés enneigés des camps.

1. Surtout qu'on ne vienne pas me dire que les chambres à gaz, les fours crématoires, les camps, les camarades morts sur les barbelés ou électrocutés dans la nuit, les alignements de baraques, les miradors, les S.S. hommes ou femmes, les chiens hurlant aux mollets, les interminables appels, les projecteurs blafards éclairant le néant, les morts qu'on traîne dans la neige chaque matin, la soupe qui n'a de soupe que le nom, les centaines et les milliers de morts de cette infernale machine à broyer l'Homme n'ont jamais existés !

2. En ce qui concerne la France, il serait grand temps de reconnaître le rôle prépondérant et les responsabilités écrasantes du régime de Vichy, régime politique français, dans l'arrestation des Juifs, des résistants, des raflés au hasard, et dans leur déportation en Allemagne. Pour notre département, 40% des déportés ont été arrêtés par les seules Forces françaises du Maintien de l’ordre et près de la moitié du reste en « Kollaboration » avec la Gestapo.

3. Aujourd'hui, la boue des marais et les herbes folles ont souvent recouvert les Appelplatz. Tous et chacun cherchent à enfouir ce gigantesque meurtre au plus profond de lui-même. Mais il faut être  bien conscient que ce crime n'est pas d'un autre âge, d'un autre monde. Il est de tous temps et de tous lieux. Il est dans la nature humaine. Il est dans l'Homme. Il est en nous et peut reprendre vie à chaque instant.

Depuis 70 ans, le monde et les hommes ont prouvé que Berthold Brecht avait parfaitement raison lorsqu'il écrivait: "le ventre est encore fécond d'où  a surgit la bête immonde..."      

Argentine, Cambodge, Viet Nam, Bosnie, Ruanda, Burundi, Kosovo, Mali... et je déplore que les Hommes ne savent ni lire leur Histoire, ni en tirer les leçons qui s’imposent. Et si l'on veut ne pas être condamné à revivre en permanence pareille ignominie et aussi  afin que pour l'éternité l'Homme se souvienne de cette sauvagerie, gardons les yeux ouverts et la flamme du souvenir éclatante. Transmettons à nos enfants cette triste réalité.

1945 : un nouveau monde

            Du 4 au 11 février 1945, les « Grands » de ce monde, à savoir Winston Churchill, Franklin Roosevelt (malade) et Joseph Staline se rencontrent à Yalta (Crimée). Ils s’étaient déjà vu à Téhéran en 1943 et s’étaient rencontrés auparavant en plusieurs réunions bilatérales.

            De ces multiples rencontres sort la carte d’un nouveau monde. Américains et Soviétiques, dont les vues sont très proches, s'entendent à merveille. Ils veulent prolonger et renforcer leur association. Finalement, le grand vainqueur de cette conférence, c'est Roosevelt, qui ne cède rien aux Soviétiques que ce qu'ils ont déjà et obtient leur entrée en guerre contre le Japon et leur adhésion à l'O.N.U. Roosevelt réalise son rêve : faire un monde uni et éviter qu'il ne soit couper en deux blocs.

Quant à Churchill, il n'obtient rien sur les problèmes européens. Les conservateurs comprennent alors que la destruction de l'Allemagne par les Alliés fait ipso facto de la Russie communiste, la seule grande puissance d'Europe occidentale. Il ne faudra pas attendre longtemps avant que le premier Britannique ne lance son expression, qui fera recette,  "entre la Russie et nous est tombé un rideau de fer!"

            En résumé, la conférence de Yalta définit une constitution destinée aux Nations Unies, délimite les différentes zones d'occupation en Allemagne auxquelles participera la France et établit un accord sur le tracé des frontières orientales de la Pologne et entérine la pousse soviétique en Europe. En effet, la nouvelle carte de l’Europe enregistre les annexions soviétiques, ce qui montre la méconnaissance américaine de Staline et de notre continent. L’URSS n’a jamais été aussi immense. Et ses satellites de l’Europe de l’Est renforcent encore sa puissance. Seules la Yougoslavie et l’Albanie tenteront d’échapper à cette emprise.

Et contrairement aux espérances de Roosevelt, c’est le « Vieux Lion » qui aura raison. Le monde va se couper en deux et tous nos problèmes désormais viennent de ce partage que de Gaulle ne cessera de dénoncer. La « Guerre froide » entre l’Occident et l’URSS va durer jusqu’à la chute du « Mur de Berlin » en 1989, à moins que …

            L’Allemagne hitlérienne vaincue est anéantie. Son territoire est coupé en trois zones d’occupation soviétique, britannique et américaine. Il en est de même pour sa capitale et même en 1961, les Soviétiques édifieront le fameux « Mur », symbole après le « Rideau de Fer » de cette coupure de l’Europe et du monde. On parle alors de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’ouest et l’Allemagne en est la preuve.

            Et la France ?  Le 12 février, Roosevelt refuse de rencontrer De Gaulle à Paris et l’invite à Alger !, un comble pour l’Homme du 18 juin, qui refuse.

Le 10 avril, de Gaulle envoie une note aux ministres de la Guerre et des Affaires étrangères : "Les gouvernements de Moscou, de Washington et de Londres se sont mis d'accord entre eux - et en dehors de la France- sur la nécessité de maintenir, après les hostilités, l'occupation militaire totale de l'Allemagne et pour une durée qui sera déterminée ultérieurement suivant les circonstances. Il a été entendu entre ces trois gouvernements que le territoire du Reich serait divisé en trois zones d'occupation: russe, britannique et américaine..."

Le travail acharné du chef de la France Libre finit par payer et la France est invitée à participer à cette occupation, en tant que membre de la Commission européenne. Pour de Gaulle, "la zone d'occupation française doit comprendre, à la fois, ceux des territoires rhénans que nous aurons décidé de séparer du Reich et certains territoire de la rive droite du Rhin, dont nous envisageons l'occupation pour une durée indéterminée... "

De fait, la France aura sa zone d'occupation, prise en réalité sur les zones américaines et britanniques, sans toucher à la zone stalinienne et participera à l'occupation de Berlin, également divisée en 4. Les troupes françaises assureront, par la suite, la garde de la prison de Spandau, où seront internés les condamnés de Nuremberg, où la France sera également présente. Et la France obtient un droit de véto à l’ONU.

            Yalta n'est pas cependant effacée dans l'esprit des dirigeants français et le général ne cessera d'avoir des mots très durs pour cette conférence et surtout pour "l'oubli" de la France.

            Peut-on dire que le monde né en 1945 perdura jusqu’à la fin des années 80 ? Les efforts des « non alignés » sur l’Est ou l’Ouest, pour créer une troisième force (ce qu’on appelle alors le Tiers Monde) furent quasiment vains et nous sommes passés d’un monde bipolaire à un monde actuel multipolaire, devenu quasiment incontrôlable, malgré les efforts onusiens.

 

Procès du Maréchal Pétain (juillet août 1945)

De Sigmaringen à Paris

            Devant l'avance des armées alliées et les coups de boutoir de la Résistance, les principaux dirigeants de l’Etat français ont fuit vers l’Allemagne nazie.

Le 5 avril 1945, Pétain, alors à Sigmaringuen, apprend par la radio que son procès va s'ouvrir en France. Il veut rentrer, "s'expliquer et défendre son honneur".

Le 21 avril, les Allemands l'obligent à partir. Le convoi Pétain gagne la Suisse, où il arrive le jour de ses 89 ans, le 24 avril. La suite s'installe sur les rives du Vallensee.

            Au début, de Gaulle veut que le maréchal passe en jugement comme les autres. Il ordonne à Delattre, dont les troupes marchent dans le sud de l'Allemagne, d’arrêter tous les dirigeants français. Le 24 avril, l'ambassadeur de Suisse à Paris est reçu par de Gaulle. Que veut la France?

De Gaulle a changé d’idée : il répond que son Gouvernement n'est aucunement pressé de voir extrader Pétain, (Le Général pense alors qu'un procès ne fera que réanimer les divisions des Français, qu'il a réussi à faire oublier).

            Pétain déclare lui, qu'il veut rentrer en France. Le général écrira dans ses mémoires "Les dés étaient jetés. Le vieux maréchal ne pouvait douter qu'il allait être condamné. Mais il entendait comparaître en personne devant la justice française et subir la peine, quelle qu'elle fût, qui lui serait infligée. Cette décision était courageuse."

C'est le général Koenig qui sera chargé de ramener le maréchal Pétain, à Paris, le 26 avril.

Condamnation à mort.

            L'institut de sondage I.F.O.P., qui vient de naître, a réalisé en octobre 1944 un sondage, où 32 % des personnes interrogées seulement pensent qu'il faut punir le vieux maréchal et 3% seulement sont pour la peine capitale.

Le maréchal et sa femme sont écroués au fort de Montrouge, pendant toute l'instruction, qui dure trois mois.

            Le jour de l'ouverture de son procès le 23 juillet, l'ex-chef de l'Etat Français déclare  "Un maréchal de France ne demande grâce à personne. A votre jugement répondra celui de Dieu et celui de la postérité. Ils suffiront à ma conscience et à ma mémoire. Je m'en remets à la France".

Tous les anciens de la IIIè République vont défiler à la barre, généraux, ministres, ambassadeurs, préfets et même Pierre Laval, arrêté le 31 juillet et bronzé par le soleil de l'Espagne franquiste, qui vient de l'expulser. Sait-il que son tour viendra?

            Le 14 août, alors que l'empereur du Japon s'apprête à annoncer la capitulation de son pays, le procureur général Mornet requiert la peine de mort. Les trois avocats, maîtres Fernand Payen, Jacques Isorni et Jean Lemaire assurent une brillante défense de leur client.

Puis, à la question rituelle du président, le conseiller Mongibeau, robe rouge, hermine et barbe blanches :

- Avez-vous quelque chose à ajouter?

Philippe Pétain répond:

- Ma vie et ma liberté sont entre vos mains, mais mon honneur, c'est à la à la patrie que je le confie.

            Le 15 août 1945, à 4 heures du matin, le verdict tombe : Le maréchal de France, Philippe Pétain, ancien chef de l'Etat de Vichy est condamné à mort par 14 voix contre 13.

De Gaulle avait suggéré que la grâce, du parrain de son fils, lui fut demandée. Une pétition circule, tandis que le maréchal roule vers la forteresse du Portalet dans la Pyrénées, qui a vu avant lui, Paul Reynaud, Edouard Daladier et Georges Mandel, entre autres. Lorsque la porte de sa cellule s'est refermée, le vieillard pleura.

            D'autres grands noms du régime ont été condamnés avant lui :

Le 14 mars 1945, l'amiral Jean-Pierre Esteva a été condamné à la réclusion à perpétuité. Le 20 avril le général d'armée Dentz a été condamné à mort (peine commuée en perpétuité). Le 19 juin, l'ancien ministre du travail, Marcel Déat, a été condamné à mort par contumace. Le 4 juillet, l'ex ministre de l'éducation nationale de Vichy, Abel Bonnard, a été condamné à mort par contumace, lui aussi. D'autres procès suivront, en cette année 1945, avant qu'on en vienne à celui de Pierre Laval.

            En attendant, le 17 août, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire commue la peine de Philippe Pétain en réclusion à perpétuité.

Deux bombes atomiques

            En Août 1945, le monde allait connaître les incroyables effets destructeurs de la bombe atomique. Les Etats Unis lâchent le 6 et le 9 août deux bombes, la première sur Hiroshima, la seconde sur Nagasaki. Sur le coup le monde est stupéfait, mais la nécessité de la fin rapide de la guerre permet tout, semble-t-il.

            A Washington, comme à Moscou, on sait que le Japon ne capitulera pas facilement. Même si l'empereur Hiro Hito s'y est résigné, les militaires le refusent obstinément. Harry Truman, président des USA veut mettre fin à cette guerre meurtrière, mais il veut aussi empêcher les Soviétiques de s'étendre en Asie du Sud-est en lui laissant trop de latitude dans son éventuelle guerre contre le Japon.

C'est pourquoi, malgré les avis contraires des chefs militaires, qui estiment à juste titre que depuis la chute d'Okinawa, le Japon est à genoux et qu’il a perdu la guerre, Harry Truman décide de larguer l'arme nucléaire.

            Roosevelt avait accéléré la recherche nucléaire depuis plusieurs années et dans l’été 44, des équipages s'entraînent au largage dans les iles Mariannes.

Pour Truman, larguer la bombe atomique n'est pas une question morale, car la puissance de destruction n'est pas plus importante que celle des bombardements classiques. (Les B29, le 10 mars 1945, ont ravagé une surface dix plus grande que celle d'Hiroshima).

            En avril 1945, alors que l’aviation américaine largue 40 000 tonnes de bombes par moi sur le Japon, on choisit deux grandes  villes dotées d'installations militaires qui n'ont pas encore été bombardées. Hiroshima et Nagasaki... Le 24 juillet, Staline est informé par Truman de l'existence de la bombe A., les dernières expériences étant un succès. Churchill écrit dans ses mémoires que Staline n'a pas saisi la portée de l'information.

Truman, Churchill et Tchang Kaï-chek (Chine) envoient un ultimatum au Japon, exigeant sa capitulation sans conditions. L’empereur demande en vain l'appui de Moscou pour rechercher les conditions de paix et le 8 août, l'U.R.S.S. déclare la guerre au Japon.

La décision de larguer la bombe est une décision politique ; la preuve, on ne demande pas son avis au général Mac Arthur, commandant en chef des Alliés en Asie. Les Etats Unis, grâce à la bombe, seront plus puissants face aux Soviétiques et dans un retour en arrière surprenant, ils assument le rôle de gendarme de l'univers.

6 août 1945 : Hiroshima est bombardée

            L'avion baptisé Enola Gay s'arrache de la piste spécialement allongée de Tinian et met le cap sur Hiroshima, emportant sa charge d'uranium 235. Et Truman de s'exclamer "C'est le plus grand événement de l'Histoire !" La bombe, appelée Little Boy, pèse 4500 kilos. C'est une arme de type canon, c'est à dire de forme allongée, mesurant 3,5 m de long.

9 hommes d'équipage, commandés par le colonel Paul Tibbets qui seul sait, et 4 scientifiques ont embarqué pour la "mission  générale de bombardement n°13". Des avions météo ont précédé Enola Gay, qui reçoit en plein vol le message "Y2Q2B2C1", qui cèle le destin d'Hiroshima, au-dessus de laquelle le ciel est dégagé, car il faut larguer à vue. Le capitaine Williams Pearson arme la bombe, le colonel Tibbets fait commencer la manœuvre d'approche et donne le feu vert. Il est 8 heures 11 minutes. Le major Thomas Ferebee repère la cible prévue, un pont sur l'Ota.

A 8 heures 15 minutes et 17 secondes, (soit avec 17 secondes de retard note le rapport), les portes de la soute s'ouvrent laissant tomber  Little Boy de 9 000 mètres. Le B29 fait immédiatement un virage de 150° et l'équipage se met à compter. 51 secondes plus tard, la première bombe atomique explose à 600 mètres du sol. Un éclair, puis une double onde de choc secouent avion et l'équipage, qui se trouvent déjà à 25 kilomètres d'Hiroshima...

"Au-dessous apparut une boule de feu dont la température atteignit, pendant une fraction de seconde, un million de degrés. La boule se transforma en nuages pourpres et des flammes jaillissantes et bouillonnantes s'élevèrent. Un nuage tourmenté, d'une épaisse vapeur blanche, prenant l'aspect vers le haut d'un champignon, monta à l'assaut du ciel, atteignant une altitude de 15000 mètres en quelques minutes..." écrit Louis Allen. L'équipage peut encore le voir alors que son avion est à 500 kilomètres de là!

            Au sol, toute la ville n'est qu'un amas de cendres de 5 kilomètres de long. Les Japonais qui survécurent appellent la bombe Pika, car c'est l'éclair qui les tout d'abord marqués. Des témoins se souviennent d'avoir entendu et vu l'explosion, à 40 kilomètres de la ville.

Hiroshima commence alors à mourir. En quelques secondes  l'onde thermique tuent des milliers de personnes. "D'autres à une certaine distance de l'épicentre furent profondément brûlés et le souffle qui suivit, comme un typhon, arracha leur vêtements, ainsi que des lambeaux de peau. Les malheureux hurlaient et se tordaient dans les affres de l'agonie".

L'onde de choc détruit tous les bâtiments de la ville, renverse les trains et tous les véhicules. Les tramways sont projetés en l'air emportant avec eux leurs passagers déjà carbonisés. 70 000 maisons sont détruites, mais surtout les morts se chiffrent au delà de 70 000. Dans l'après midi, une pluie étrange, visqueuse, chargée de poussières soulevées par le souffle de l'explosion tombe sur la ville en feu et en pleurs. Les survivants de l'apocalypse fuient la ville dans le soir déclinant.

Mais la bombe n'a pas fini de frapper. Des milliers de gens bombardés par les neutrons et les rayons gamma vont mourir sous les effets de ces radiations.

Le 9 août, les Américains larguent une seconde bombe A sur Nagasaki. Au départ la bombe (Fat Man) était pour la ville de Kokura mais la visibilité n'étant pas suffisante au-dessus de la ville, le major fait mettre le cap sur Nagasaki, bien que son carburant s'épuise. La couverture nuageuse étant de 8/10, on survole Nagasaki au radar. Et à 10 heures 58, vivant un champ de courses, le bombardier Ashworth largue sa bombe de 9000 mètres.

            Dans un rayon de 5 kilomètres, tout est détruit. Mais, les étendues d'eau, les abris en tunnels évitent que la catastrophe ne soit plus dramatique encore. Malgré tout, le spectacle de désolation est le même que trois jours plus tôt, à Hiroshima.

            Le bilan humain est plus que triste : les Américains parlent de 80000 morts et de 80000 blessés à Hiroshima et de 35000 morts et 50000 blessés à Nagasaki. Mais les conséquences génétiques qui se perpétuent encore sont inchiffrables. Le Japon va-t-il, pour autant capituler?

            Nous savons les déserts de glace, les déserts de pierres, les déserts de sable, mais depuis ce 6 août 1945, grâce à l'homo sapiens, nous connaissons les déserts atomiques. Je ne sais si ces explosions serviront de leçon aux Hommes de cette planète, mais quoiqu'il en soit, l’humanité mérite beaucoup mieux.

Capitulation du Japon

L’empereur Hiro-Hito parle à la radio

            Depuis 20 ans qu'il est empereur, jamais ses sujets n'ont entendu la voix du Mikado. Aussi lorsqu'on apprend, le 9, puis le 15 août 1945, que l'empereur va parler, la foule nipponne s'attend à être exhortée à redoubler d'efforts dans la guerre sainte que mène le pays.

Le 15 août à midi, Hiro-Hito s'adresse à ses honorables sujets :

"Après avoir soigneusement étudié... les conditions qui règnent aujourd'hui dans notre empire, nous avons décidé de rechercher un arrangement concernant la situation présente... Nous avons ordonné à notre gouvernement de faire savoir à ceux des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Chine et de l'Union Soviétique que notre empire souscrit aux dispositions de leur commune déclaration..."

Autrement dit l’empire du Soleil Levant accepte la capitulation sans condition ! C’est la stupeur dans tout l’archipel. Ainsi fini le rêve de grandeur lancé le 7 décembre 1941 après Pearl Harbor. Les politiques japonais avaient déjà intégré la fin depuis les Midway, mais les militaires restaient pour le plus grand nombre, autour du ministre de la guerre Anami,  des fanatiques du sabre. IL faut dire aussi que les deux bombes atomiques de Nagasaki et Hiroshima ont considérablement accéléré le mouvement.

Après le discours de l'empereur, le ministre de la guerre se fait hara-kiri, donnant le départ d'une vague de suicides, un millier environ, mais le cours des choses ne peut plus changer.

            Le 16 août, l'empereur annonce officiellement la capitulation du Japon et ordonne à toutes les armées de déposer les armes. Le prince Naruhoko Higashi forme le nouveau gouvernement.

Staline en profite pour envahir les iles Kouriles puis Sakhaline et le 29 les soviétiques sont à Port Arthur.

Le vendredi 31 août, le général Mac Arthur décide d'installer son quartier général à Yokohama et le lendemain, la VIIIè armée y débarque, tandis que le cuirassé Missouri fait route vers la baie de Tokyo.

La capitulation du Japon met fin à la Seconde guerre mondiale

            Le 2 septembre 1945, le ministre des affaires étrangères Mamoru Shigemitsu, portant haut de forme et s'aidant d'une canne, et le général Yoshiro Umezu, médailles en batterie, montent à bord du navire américain Missouri, ancré devant la capitale.

Ils viennent signer la capitulation sans conditions de leur pays. Le général Mac Arthur, commandant suprême pour les puissances alliées, devait dire :

"J'espère sincèrement et sans doute avec moi l'humanité toute entière, qu'à la suite de cette solennelle cérémonie, un monde meilleur naîtra du sang et du carnage du passé, un monde fondé sur la foi et la compréhension, un monde consacré à la dignité de l'homme et à l'accomplissement de ses voeux les plus chers: la liberté, la tolérance et la justice."

            A la suite de cette capitulation sans condition, le Japon va connaître une occupation américaine jusqu'en avril 1952. Et les Etats Unis édifieront ici une formidable puissance économique, rempart contre le bloc communiste.

Les femmes et les hommes pleurent le monde…

            Les armes se sont tues et on l'espère pour longtemps. On sait ce qu'il en adviendra. Jamais ce monde ne sera en paix.

Au delà des cérémonies, des commémorations, il est temps de faire un court bilan de ce "carnage du passé", comme l'appelait Mac Arthur.

            Les Alliés ont mis en ligne durant ces cinq années de conflit 35 millions de soldats, auxquels il faut ajouter les maquisards et résistants de tous bords, difficilement chiffrables. L'Allemagne, l'Italie et le Japon ont mobilisé 22 millions d'hommes.

Incroyable conflit, qui affecte non seulement les soldats, mais aussi les femmes, les enfants, les jeunes, les vieux, en un mot toutes les populations de plus d'une cinquantaine de pays!

            Les morts, militaires et civils, se chiffrent par millions. La Grande-Bretagne et son immense empire ont perdu 510 000 personnes; la France 610 000, dont 350 000 civils ; les Etats-Unis 300 000 soldats, morts au combat pour la plus part.

L'U.R.S.S., dont le sacrifice est immense, a perdu 21 millions de Soviétiques, dont 7 millions de civils. La Pologne, ballotée, partagée, labourée par les armées, la Gestapo et les S.S, a perdu 5,4 millions d’âmes, dont 5,3 de civils! La Chine, un peu oubliée en Occident, a payé de 13,5 millions de victimes le droit d'être vainqueur. Au total, les Alliés ont perdu 21 millions de militaires et 25 millions de civils, dans ce conflit.

Les puissances de l'Axe déplorent la mort de 7 millions d'Allemands, de 2 millions de Japonais, soit au total avec leurs alliés, 11 millions de victimes tant militaires que civiles.

            Et si un jour, il nous prend d'avancer un chiffre global, alors il faudra parler de plus de 55 millions de morts dans cette incroyable aventure humaine. Espérons que l'Histoire servira de leçon, mais à la lecture de ces 70 dernières années, on peut en douter.

                                                                                                          Michel GERMAIN.

 

Prochaine parution en octobre 2015 (on peut se procurer gratuitement le Savoyard libéré en contactant la FNDIRP)                 .

 

 

 

 

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